Table ronde SFERE Provence et Région Sud

 

Mercredi 20 mars 17h30 : Éducation @ numérique : politiques d’équipement, scénarios d’usage & pédagogies

Hôtel de Région | 27 place Jules Guesde - 13002 Marseille

La table ronde organisée par SFERE Provence et la Région Sud veut questionner l’introduction parfois massive du numérique à l’école dont on sait qu’elle n’a pas fait la preuve d’une amélioration sensible des apprentissages et des performances de tous les élèves (PISA, 2015). Il s’agit d’interroger les choix des politiques publiques en matière d’équipement matériel et éditorial numérique (quoi, combien, comment, pourquoi), de réfléchir sur les scénarios d’usages (quoi faire, avec qui, où, quand) et d’échanger sur les pédagogies et changements organisationnels induits par ces choix et usages (quels objectifs, quelles tâches, quelle activité, quelle organisation et coopérations, etc.).

La table ronde est l’occasion de discuter du réel impact du numérique à l’école par la rencontre de plusieurs logiques qui travaillent ensemble, celles des entrepreneurs, concepteurs, prescripteurs, utilisateurs, chercheurs de et sur le numérique. Le débat vise la mise à jour de perspectives sur des usages éclairés du numérique dans les apprentissages des élèves et les organisations éducatives.

L’éducation est affaire de politique. Le numérique dans l’éducation est aussi affaire de choix de politique publique : équiper les élèves pour qu’ils accèdent tous au numérique, en tant que citoyens en devenir. Il s’agit de réduire, voire d’éradiquer, la fracture numérique. Mais cela suffit-il ? Bien qu’équipés des outils et des accès aux ressources, aux savoirs, les élèves doivent surtout pouvoir expérimenter diverses formes d’accès aux connaissances, des formes nouvelles, différentes de celles qu’ils expérimentent quotidiennement dans des dispositifs scolaires « traditionnels ». Se posent alors des questions cruciales quand les apprentissages sont en jeu : pourquoi proposer de nouveaux outils et lesquels, sont-ils efficaces, pour faire quoi, pour innover mais pour quelles tâches scolaires et quels usages citoyens, in fine ?

Avec les interventions de :

Marie-Florence Bulteau-Rambaud, Présidente de la commission Lycées, apprentissage, formation, professionnelle et jeunesse | Région Sud

Martine Gadille, Enseignant-chercheur et chargée de recherche au CNRS| LEST, SFERE Provence

Carlos Coelho, Business development manager | Texas Instruments

Nicolas Cottereau, Country Manager | Maplesoft

Jean-Claude Pons, Principal | Collège de Fontreyne, Gap

Thomas Garcia, enseignant | Collège de Fontreyne, Gap
 

Invités d'honneur :

Jean-Louis Leydet, Délégué académique au numérique, Académie d'Aix-Marseille

Olivier Maurel, adjoint au délégué académique au numérique, Académie d'Aix-Marseille

Marie-Claude Bruguière, Conseillère Municipale, Ville de Marseille

Stéphanie Ampart, The Camp

Julien Villevieille, Président de la section MGEN des Bouches du Rhône

Michel Trinquet, MAIF

Jean-Charles Chemin, Directeur technique, Qwant

Mourad Afekhssi, Délégué pédagogique, Texas Instruments

 

Les entrepreneurs du numérique éducatif

Les entrepreneurs du numérique repèrent des besoins et s’appuient sur la veille technologique pour proposer de nouveaux produits qui impliquent des changements radicaux de société (téléphonie mobile ; réseaux sociaux ; services financiers ; numérique éducatif ; moteurs de recherche ; etc.). Au sein de ces entreprises, les ingénieurs concepteurs élaborent des outils conformes aux besoins des utilisateurs (affordance) afin de satisfaire la clientèle et de rendre leurs produits performants et commercialement rentables.

Les prescripteurs du numérique éducatif

Les prescripteurs de l’éducation proposent des outils de façon à tendre vers une adéquation entre injonction institutionnelle et réalité de terrain. Ils ont un regard organisationnel qui induit des réponses pédagogiques adaptées. Ils sont à trois niveaux distincts. Tout d’abord, les experts, à la demande du ministre, conçoivent et rédigent la prescription qui s’impose à tous (système centralisé d’éducation). Ces experts ne conçoivent pas les outils numériques. Les recteurs, présidents de Région, de Départements, maires et corps d’inspection veillent à la mise en œuvre des textes et recommandations dans les établissements en favorisant les moyens analogiques ou numériques. Les chefs d’établissement et les enseignants ont pour mission de les mettre en application dans les classes en proposant une organisation pédagogique adaptée fondée sur les moyens et équipements déployés ou avec ce qu’ils ont à leur disposition (entre professionnalisme et bricolage). Les études montrent quels écueils nouveaux posent les outils numériques : une difficulté à trouver de bons outils parmi l’offre pléthorique de qualité diverse ; l’absence de clarté concernant les objectifs d’apprentissage ; une insuffisance de la préparation pédagogique pour une intégration pertinente des nouvelles technologies dans les cours et les programmes.

Les différents utilisateurs du numérique éducatif

Les utilisateurs sont principalement situés à deux niveaux : les élèves et les enseignants.

D’un côté, il y a la cible principale de l’instrument conçu, les élèves. Ils sont les plus nombreux et accèdent, en France, massivement à Internet (la fracture n’est pas dans l’accès aux outils mais dans les usages). Ils sont en classe, ou ailleurs. Leurs usages sont collectifs, collégiaux ou individuels. Il leur est demandé d’expérimenter les outils numériques pour apprendre, leurs prescripteurs étant les enseignants. Parce qu’ils peuvent être seuls, chez eux, ailleurs, dans ou hors l’établissement et parce qu’ils ont déjà, au moins pour une large part, un usage familier et personnel du numérique, les élèves sont des usagers « libres » qui se confrontent à l’outil sans forcément tenir compte de la prescription. Dans tous ces cas de figure, il faut faire le pari qu’ils apprennent. Mais comment et quoi ?

D’un autre côté, les utilisateurs privilégiés sont les enseignants qui ont pour rôle de tirer le meilleur parti des outils numériques en développant des scénarios d’usage. À ce titre, ils sont l’autre cible principale du produit numérique conçu par les éditeurs et les équipementiers qui investissent dans le secteur éducatif : sans eux, la finalité d’apprentissage n’est pas garantie. En revanche, les enseignants doivent être eux-mêmes persuadés de l’intérêt pédagogique que peuvent avoir les usages et les modalités d’usages et s’ils le sont, ils doivent être accompagnés tout au long de la vie professionnelle par une formation adaptée à une veille technologique permanente. Les enseignants prescrivent les tâches à réaliser et gèrent l’activité d’apprentissage des élèves tout en essayant de tenir compte, plus ou moins, de la prescription, tout en faisant avec les équipements matériels et logiciels qui sont mis à leur disposition et qui évoluent ou non avec les « progrès » technologiques, tout en négociant ces moyens grâce à l’élaboration de projets pédagogiques idoines. À terme, les usages des outils numériques ne garantissent pas l’amélioration des résultats des élèves en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences (PISA, 2015).

Les chercheurs et le numérique éducatif

Les chercheurs, par la place qu’ils occupent, mettent de la distance sur les choix prescriptifs, sur les usages. Ils questionnent l’efficacité en s’appuyant sur les usages observés, analysés afin de dire ce qu’il en est de ces usages, de leur performativité, de leur efficacité : entre prescription des tâches et réel de l’activité. Leurs approches sont pluridisciplinaires (voir les projets eFran : Lemon, Arabesque) : didactiques, psychologiques, sociologiques, neuroscientifiques, économiques, etc. Ils sont force de proposition aussi pour la participation à un dispositif de type « comité éthique multipartites d’évaluation » de projet au niveau local. En ce sens, ils veulent contribuer à la réflexion sur l’impact des politiques publiques d’éducation notamment en interrogeant la pertinence du choix du numérique éducatif.

Inscriptions : par email avant le 15 mars à Maïlys SILVY, chargée de communication

Projet porté par : Pascal Terrien , Directeur adjoint de SFERE-Provence